Il y a ces périodes où on semble lâcher prise malgré tout. On essaye mais rien à faire. Il n'y a plus rien auquel on peut se rapprocher. On fait tout ce que qu'on peut et même, ce qu'on ne peut pas mais voilà le vide s'installe en vous.
Il y a ces périodes où on on pourrait penser que tout le monde s'est passé le mot pour vous pourrir la vie, vous enfoncer. Peu importe ce qu'on pense, ce qu'on fait, nos efforts, nos difficultés: ce ne sera jamais assez pour eux.
Il y a ces périodes maudites où vous faîtes un bilan de votre vie et vous vous rendez alors compte que vous n'avez strictement rien foutu. On a suivi la routé préétablie et on se contente du médiocre. On a cru bien faire et on a détruit ceux qui nous entouraient. On se rend compte du prix que l'on doit payer pour certaines choses.
On prend du recul et on se jure de ne plus recommencer. Le principe des bonnes résolutions que l'on ne respecte jamais. C'est cyclique, on reproduit invariablement les mêmes erreurs. On veut changer et on croit au bout d'un moment avoir effectivement changé. Mais on reste toujours la même.
Il y a ces périodes où on se demande qu'est ce qu'on a foutu de notre cerveau lorsqu'on a fait certaines choses. Pourquoi a-t-on pris tous ces risques? Pourquoi a-t-on été si stupide?
Il y a ces périodes où on veut tout ranger dans les jolis casiers de notre mémoire.
Mais il y a toujours des moments qui nous échappent, on ne sait quelle en est la raison...Tout faire rentrer dans les tiroirs de notre mémoire, histoire de se dire qu'on a tourné la page. Mais elle reste toujours devant nos yeux cette foutue page. A chaque fois qu'on croit l'avoir tournée, il y a toujours quelque chose qui la ramène devant nos yeux.
Il y a ces périodes où le vide est ce qui nous attire le plus puisque le vide s'est déjà établi en nous mêmes. Le gouffre de l'inconnu ne nous fait plus peur tellement on est fatigué de ce que l'on connaît. On est tellement fatigué de souffrir avec le sourire que la perspective d'affonter l'inconnu ne nous fait plus peur.
Il y a ces périodes où l'on voudrait amorcer un grand changement dans notre vie, aborder un nouveau tournant du chemin. Mais on reste clouée sur place, ne sachant que faire, comment faire, paralysée par l'idée de perdre le peu que l'on possède.
On tente de se motiver en essayant de se convaincre que justement cela nous coûte rien d'essayer puisqu'on a si peu de choses à perdre. On voudrait glisser tout doucement dans le changement avant d'avoir pu réfléchir sur la situation.
Il y a ces périodes sans sommeil, sans repos, sans répit, que ce soit pour le corps et l'esprit. La nuit est trop longue et la journée aussi.
Notre corps nous lâche et on ne tient plus debout. On n'a plus la force de se lever le matin. Ce n'est pas psychologique ou de la paresse. Notre corps nous dit STOP.
Notre coeur bat trop vite et trop fort. Impression que quelqu'un s'amuse à serrer entre ses doigts notre petit coeur déjà dans un piètre état. Notre tête est comme dans un étau, et elle semble si lourde. Les étourdissements et les vertiges deviennent chose quotidienne.
Certains prennent cela pour de la déprime mais en vérité, il y a bien quelque chose qui cloche. Seulement on ne sait pas. On a jamais su grand chose au fond. Alors on subit, on serre les dents en espérant que ça passe. Mais ça ne passe pas. Et à la fin, on finit vraiment par déprimer parce qu'on ne peut plus supporter d'être aussi faible. On ne se supporte plus nous même.
Et Lolita Pille qui écrit dans Bubble Gum :
"Tout ce que je ressentais, c'était la faim.
Une faim terrible, que j'aurais pu appeler manque, besoin, impuissance, frustration, vide et qui m'obsédait, me rongeait, m'engloutirait bientôt. Qui gâchait mes journées, qui pourrissait mes nuits, me tenant éveillée de longues heures maudites, de longues heures de torture où j'aurais pu trouver un peu de répit, qui décolorait l'aube et le ciel, plombait les musiques les plus gaies, changeait les airs de danses en marches funèbres, les films comiques en tragédies grecques, la nature en désert et mes rêves en poussières.
C'était comme une fièvre, une mauvaise défonce, une crise de manque, cette faim impossible à assouvir dont j'étais possédée.Je détestais ma vie."
"Il y a ce piano sous mes doigts, et je ne peux rien en tirer. Je tremble comme un possédé, de tout ce mal qui est en moi, et que je n'arrive pas à exprimer. Quelque chose me manque, je ne sais pas quoi. Je plaque un accord en mineur. C'est beau les accords des autres. C'est drôle, mais tout à l'heure, dans cette boite de nuit, on me regardait avec envie. Les notes s'envolent sous mes doigts, je me tape un whisky pour tenir, le jour hésite, je ne veux pas dormir. La nuit est bleu foncé, presque noire, et dans le vernis du piano, j'ai une putain de sale gueule. L'air hagard. Dehors, le jour hésite. A cette heure-ci, on ne peut plus se cacher de grand chose. Les consciences en paix reposent, et moi, je larmoie sur mon sort par touches hostiles interposées.
Un air de Chopin, un Nocturne que j'aime, parce qu'il m'évoque une marche funèbre. Dans le vernis noir, je vois aussi ma suite inanimée, mon lit vide, le lustre plus grand que moi, l'éclat impitoyable du parquet trop ciré, mon dos décliné à l'infini de miroir en miroir, la cheminée froide, et la colonne Vendôme, et j'ai envie de dégueuler. Je vois tout ce que j'ai raté. L'aube. Des visages. Pas grand chose, en fait. La musique est lumineuse, indicible et moi je suis sombre et défoncé, et je jouerai jusqu'à m'effondrer.
L'infini flotte dans l'air, je tends les mains pour le saisir, la musique se tait, il s'évanouit. je ne veux pas que la musique se taise. elle diffuse la clarté du paradis perdu, le bleu des souvenirs, et je ferme les yeux, et je divague, et je me balance au rythme lent de tout ce que j'ai gâché. Je me demande où sont ceux que j'ai aimés, et je regarde le parquet. Je me demande, quand tout cela va cesser, et les années qui me restent sont sans doute -sans doute, parce qu'on ne sait jamais- moins nombreuses que les touches de ce piano. Et je pourrai presque m'en réjouir. "
"Respirer est un supplice, plus pour longtemps, plus pour longtemps je me dis, il n'y a plus de soleil, plus de musique, plus de vitesse, l'arrêt brusque, qu'est ce qui se passe, mes doigts crispés sur le volant se détachent et retombent, le rétro se teinte d'une mer de sang, il fait noir, je souffre, et la musique se tait, le silence, l'obscurité, la souffrance, le silence l'obscurité...l'obscurité...Plus rien [...]et je ne sais comment est ce que, dans cet état, je réussis à dire si clairement et distinctement:
- Je préfère mourir de ta main que vivre sans toi..."
Fond Musical: Aaron "U-turn" (Lili)